LA PROSTERNATION DEVANT LES EFFIGIES ET LES DIGNITAIRES DE VODOUNS !!

Il est de notoriété publique qu’avant la colonisation, pendant la colonisation, depuis notre indépendance, et même jusqu’à l’heure où je vous parle les enfants continuent de se prosterner front contre terre devant leurs pères, grands pères, grandes mères, oncles et tantes paternels ou maternels. Les descendants de tous les âges continuent de se prosterner front contre terre devant le chef de leur collectivité, même s’il est plus jeune que leurs petits fils, par vénération au siège ancestral qu’il occupe. Les favis (initié au Fâ) continuent de se prosterner front contre terre devant leurs bokonons.

Mais quand les Hounvis se prosternent front contre terre devant leurs Vodounnons et leurs successeurs (même si ces derniers sont moins âgés qu’eux) par vénération à leurs ascendants et à la place qu’ils occupent dans la hiérarchie, d’aucuns crient au scandale ! Quand des adeptes du culte Vodoun se prosternent front contre terre devant les effigies de leurs divinités, d’aucuns crient à l’idolâtrie ! Lorsqu’on sait que la même chose se passe ailleurs, c’est-à-dire dans les pratiques de ceux-là qui critiquent au niveau des Vodounnons.

Dans la pensée des initiés Africains, la prosternation est un acte d’humilité et non d’humiliation. C’est un geste par lequel celui qui se prosterne reconnaît la supériorité de son supérieure hiérarchique par rapport à sa propre personne, soit à cause de son âge, soit à cause de ses connaissances et de ses pouvoirs conséquents, soit à cause du siège qu’il occupe ou de sa place dans la hiérarchie de ses pairs d’un culte considéré.

Dès lors il s’agit là, non d’une adoration, mais plutôt d’une vénération à la manière Africaine. D’autre part, pour l’initié Africain, une divinité n’est pas cette motte de terre, cet amas de pierres, ce bois, ni cette ferraille entassée auxquels des offrandes sont parfois faites et devant lesquels les adeptes se prosternent front contre terre. Chaque divinité est une énergie agissante et invisible, capable de se manifester partout à travers ses œuvres et à laquelle la motte de terre, l’amas de pierres, le bois ou la ferraille sert tout simplement de point de contact ou de liaison avec les humains.

C’est une maison qu’il vient habiter de temps en temps. Il est sensible à tout ce qui s’y passe sans y être prisonnier : il est omniprésent. C’est en fonction de cette qualité qu’un habitant de COTONOU peut très bien obtenir la satisfaction d’un besoin qu’il a exprimé auprès d’une divinité dont le point de liaison se situe à plusieurs centaines de kilomètres de là.

En se prosternant devant sa divinité, l’adepte du Vodoun n’adore donc pas la motte de terre, l’amas de pierres, le bois ou la ferraille, mais plutôt l’énergie invisible et omniprésent à laquelle il sert de point de liaison. Et puisque cette énergie n’est rien d’autre qu’une manifestation distincte mais inséparable du Grand Tout Cosmique que nous appelons DIEU, l’adorateur d’un Vodoun adore en définitive DIEU à travers ces infinie émanations canalisée dans les réceptacle approprié.

Il est évident qu’une telle compréhension ne serait accessible qu’à ceux qui s’élèvent au-dessus de la connaissance étriquée qu’on nous sert habituellement de Dieu qu’on nous présente sous une forme anthropomorphique ridicule, assis quelque part au « ciel » et distribuant des châtiments ou des bénédictions aux humains en fonction de ses sautes d’humeur !

Nous devons cesser de ressasser dans notre mental cette idée tronquée qu’on nous a fait assimiler de Dieu, pour l’imaginer sous sa seule compréhensible qui soit la plus proche de la vérité : celle d’une Energie Absolue, Suprêmement Consciente, Omnipotente, Omnisciente et Omniprésente qui remplit l’Univers tout entier. Tous les mondes visibles et invisibles se meuvent en Lui, par Lui et pour Lui.

Toutes les galaxies, les constellations et les systèmes planétaires les plus gigantesques réunis n’occupent qu’une petite portion de son immensité. Pourtant le plus petit grain de sable de notre infirme planète terre peut le contenir dans toute Sa Majesté Divine car, son pouvoir de s’étendre ou de se rétrécir est illimité !

Parvenus à une telle conception de Dieu, il nous serait possible de comprendre que les Vodouns symbolisent quelques unes des manifestations visibles ou perceptibles de ce Dieu invisible, inconnaissable et illimité.

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