Les initiés africains ont leurs opinions propres sur ces deux catégories de créatures que vous appelez Anges et Démons. Seulement, dans nos relations avec les autres, et même avec nos partisans qui n’ont pas encore atteint le degré de compréhension qu’il faut, nous tenons le langage qui traduit les concepts populaires de ces créatures, pour ne pas les scandaliser.
En effet, nos concepts remettent en cause beaucoup de dogmes et de croyances qui ne se limitent pas seulement à ces deux catégories de créatures, mais vont jusqu’aux concepts du Bien et du Mal, de la Lumière et des ténèbres, du Ciel et de l’Enfer, du perpétuel combat imaginaire qu’ils se livreraient, etc…
Dans tous ces domaines, nos concepts sont diamétralement opposés aux affabulations qui sont servies au grand public, et nous nous gardons bien de servir ces aliments solides à ceux qui n’ont pas encore poussé les dents pour les broyer, et n’ont pas l’estomac solide pour les digérer et les assimiler. Mais puisque tu éprouves, dis-tu, la soif de savoir, je vais essayer de l’étancher un tout petit peu, c’es-à-dire sans aller au-delà de ce qui peut être dit dans une circonstance comme celle-ci. Tes recherches, analyses, comparaisons, méditations et consorts, t’apporteront les compléments de réponses qui forgeront ta conviction personnelle que rien ne pourra t’enlever ! C’est plus sûr !
Nous considérons comme blasphématoire le fait d’affirmer qu’il y a une lutte entre DIEU et une quelconque catégorie de ses créatures ! L’omnipotence divine est si absolue qu’aucune catégorie des ses créatures n’oserait l’affronter, à plus forte raison la combattre ! Pour nous donc, il n’y a pas et il ne pourra jamais y avoir une quelconque lutte entre DIEU et les démons ! Seuls, ceux qui conçoivent DIEU sous une forme anthropomorphique, donc nécessairement limitée, peuvent proférer un tel blasphème.
Nous croyons en l’existence du bien et du mal, mais pas selon le concept populaire. DIEU n’est pas seulement bon : il est la bonté même ! Et tout ce qui émane de lui est bon, comme le souligne un adage de la langue fon qui se traduit littéralement par : « tout ce que DIEU fait est bon » ! Comment le mal pourra-t-il sortir du bien ? Comment le bon arbre pourra-t-il produire de mauvais fruit, Seul le Bien existe. La Mal, selon nous, est l’appréciation que nous avons d’un fait, d’une circonstance ou d’un phénomène qui, sur le vif, ne cadre pas avec notre estimation du Bien, à l’instant même, être considéré comme Mal par d’autres ; tout comme ce qu’un individu, tous les attributs du Bien peu de temps après ! Le Mal est donc relatif. Seul le Bien est permanent.
Nous croyons en l’existence du Ciel et de l’Enfer de la même manière. L’immensité de DIEU est telle qu’il remplit tout le cosmos visible et invisible. Où veux-tu qu’il puisse créer l’Enfer ? En lui-même ? L’Enfer pour nous est l’ensemble des tribulations que l’homme est obligé de subir pour payer les dettes que constituent ses violations des lois de la nature. Nous ne croyons pas qu’il y a un endroit visible ou invisible où ce payement aurait lieu, suaf là où ces dettes avaient été contractées : sur la terre, dans la même vie ou dans les vies successives ultérieures. Une multitude de proverbes dans ns différentes langues vernaculaires véhiculent cette croyance. En langue fon, nous avons entre autres :
« Gbê xo dé non don an ! »
(Aucune dette vis-à-vis de la nature ne reste impayée !)
« Axo é du do gbê o, gbê wê non non bo non sou ! »
(Ce qu’on doit à la nature dans la vie, c’est dans la vie qu’n le paie !)
« Gbê fi wê zomê dé ! »
(C’est ici bas que se trouve l’Enfer !)
On ne peut pas tout citer, et il en a dans toutes les autres langues vernaculaires, en Afrique et certainement ailleurs dans le monde.
Au Bénin, l’une des bases de notre croyance en la réincarnation est cette nécessité pour l’homme de revenir sur terre pour payer ses dettes.
Bien sûr, les religions monothéistes soutiennent le contraire. Nous respectons leur foi. Mais force est de constater qu’à travers les sermons et les prêches de certains dignitaires des incalculables sectes dites bibliques ou évangéliques, et surtout à travers leurs œuvres, se devine l’injonction suivante : « péchez comme vous voulez ! Ne craignez rien ! Jésus a déjà payé vos dettes pour vous ! Soyez assurés que vous irez au Paradis, pourvu que vous passiez le clair de votre temps à crier le nom de Jésus ! »
Au lieu de nous en tenir à ces allégations dont le ridicule saute aux yeux, nous préférons croire en c qui est sorti de la bouche-même du Sauveur qui a dit : « Tous ceux qui me diront : Seigneur ! Seigneur ! n’iront pas au Paradis, mais seulement ceux-là qui feront la volonté de mon Père qui est la justice même et l’unique créateur de tous les hommes, ne commettra pas l’injustice de damner certains pour le fait qu’ils n’avaient pas crié hypocritement le nom du Seigneur, et sauver d’autres dont le seul mérite avait consisté à jacasser fébrilement dans des sectes bibliques ou évangéliques.
Sur la base de tout ce qui précède, à savoir, DIEU est sans concurrent et sans ennemi ; étant la bonté-même, le mal ne peut par émaner de lui ; remplissant tout le cosmos, il ne peut pas créer l’Enfer en Lui-même ; étant la Justice-même, il ne peut commettre l’iniquité de damner certains et de sauver d’autres par simple considération fantaisiste, venons-en à la réponse proprement dite à ta question sur les anges et les démons.
Nous croyons fermement en l’existence des anges et des démons. Mais la encore, notre croyance est diamétralement opposée aux affabulations dont on bourre le mental des masses populaires. Pour nous, les anges et les démons sont des créatures qui sont toutes au service de l’Unique DIEU, Créateur de toutes les choses et de tous les êtres visibles et invisibles. Mais chacun d’eux joue un rôle particulier qui a sa raison d’être dans le seul même royaume de DIEU. C’est pourquoi nous les respectons tous. Pour te permettre d’être à peu près au même diapason que nous, je vais me servir des réalités organisationnelles d’une nation humaine telles que les voyons aujourd’hui, pour t’expliquer comment nous concevons les rôles des anges et de démons.
Notre pays, le Bénin, est actuellement peuplé de plus de six millions d’hommes, tous les sexes confondus. Parmi nous, il y a des agriculteurs, des commerçants, des agents de santé de tous les grades, des enseignants de toutes disciplines, des techniciens et spécialistes de toutes les branches d’activités, etc…
Pour assurer la santé, la paix et la justice au sein de toute la population, notre parlement a édicté des lois dont le respect strict s’impose à chaque citoyen en particulier et à tous les citoyens en général.
« Nul n’est censé ignorer la loi ! »
« Nul n’est au-dessus de la loi ! »
Ces affirmations impératives figurent dans toutes les législations du monde entier sans considération de langues, de coutumes, de races, de religions, d’idéologies politiques ou de convictions philosophiques. Mais il est clair que nulle part sur la planète, le respect scrupuleux de ces injonctions n’a été, n’est ou ne sera possible. Aux seins des populations de tous les pays existent des brigands, des assassins, des prévaricateurs de toutes les catégories qu’il est inutile d’énumérer ici.
Pour maintenir la paix, la sécurité, l’honnêteté et la justice dans un pays, son gouvernement le dote de certaines institutions étatiques telles que la police, la gendarmerie, les forces armés, avec leurs unités, brigades et corps d’élites spécialisés dans la répression parfois brutale et sans ménagement des délits, des crimes, des troubles, en un mot de tout manquement aux normes établies pour la quiétude sociale. Est-ce que ces institutions de répression sans merci et les éléments qui les composent ne sont pas des citoyens à part entière jouissant des mêmes droits que les honnêtes gens ? Est-ce que les bons citoyens auxquels ils assurent paix et protection les insultent ou ont peur d’eux ? Certainement NON ! Au contraire, ils se complaisent en leur compagnie, se sentent à l’aise à côté d’eux et collaborent avec eux pour la paix, la sécurité et la justice sociales.
Transposons cette réalité humaine terre à terre sur le plan spirituel, pour voir transparaître clairement la base de notre conviction en la nécessité d’existence et de travail divins des anges et des démons qui, pour nous, ne se combattent pas, mais se complètent. Qu’on n’aille pas trop vite en besogne pour nous juger, surtout sur une base dogmatique.
L’organisation sociale humaine n’est que le reflet de la manière dont notre Créateur a organisé le monde où nous vivons : « Ce qui est en bas reflète ce qui est en haut » !
Dieu a édicté les lois dont l’observation nous permettra d’être heureux sur la terre. Mieux, elles sont inscrites en chacun de nous, dans le livre indestructible de la conscience qui anime tout un chacun. Aucune allégation ne peut soutenir la contraire.
Il a chargé des anges pour nous guider dans l’accomplissement de toutes les activités licites qui nous procurent la paix du cœur et la satisfaction morale, pourvu que nos pensées, nos propos et nos actes s’inscrivent dans le cadre des lois inscrites dans notre conscience.
Mais étant libre et nous ayant créés a Son image, il nous laisse la liberté de penser, de dire et de faire ce que nous voulons ; or puisqu’il y a pas de droit sans contrepartie de devoir, nous ne pouvons rien faire pour nous soustraire aux conséquences, bonnes ou malheureuses, de nos pensées, de nos propos et de nos actes.
Dans on omniscience absolue, il savait déjà avant notre création que nous ne pourrons pas évoluer sans commettre des erreurs de différentes gravités. Aussi, il a établi des juges sur nous pour nous récompenser ou nous infliger des peines qu’une catégorie d’anges est chargée de nous appliquer ; puisque les châtiments que nous subissons à cause de nos propres œuvres nous causent des tribulations, des pleurs et des grincements de dents, nous appelons « démons » les anges chargés de nous les infliger, et certains passent le plus clair de leur temps à les insulter, les injurier ! Même au niveau des sectes religieuses, des chansons sont composées pour les couvrir de toutes sortes d’opprobres ! Remarquez qu’il s’agit là d’une aberration ridicule qui fat rire même les diables ! ils font ce qu’ils ont reçu de DIEU la mission de faire, et leur rôle est essentiel dans le plan divin du fonctionnement du monde.
Tout comme « la crainte du gendarme est le commencement de la sagesse », la crainte des représailles diaboliques est un facteur déterminant qui oblige beaucoup de mécréants à mettre de l’eau dans leur vin de prévarications.
Voilà ce que je peux répondre en bref à la question. Sur la base de la parfaite concordance entre nos convictions et les réalités de la tradition Primordiale (l’unique arbre de sagesse dont toutes les traditions de la planète ne sont que des branches !), les kabbalistes, les hermétistes, les théurges et les mystiques pourront aller beaucoup plus loin dans les détails au besoin, pourvu que leurs auditoires soient composés de gens capables de « consommer » et de « digérer » leurs plats de résistance spirituelle ! Autrement ils vont se taire, et le pourquoi de leur silence se devine aisément.
Auteur: Doyen AZA Codjo Julien
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